Des milliers de motards manifestent contre les feux de croisement
PARIS (AFP), le 10-04-2005
Des milliers de motards ont manifesté samedi et dimanche un peu partout en France à l'appel de la Fédération française des motards en colère (FFMC) pour protester contre l'expérimentation des feux de croisement le jour, que le gouvernement vient de prolonger jusqu'à l'automne.
Plus de 20.000 motards ont manifesté pendant le week-end dans une trentaine de villes, selon les organisateurs, dont environ 7.000 à Paris dimanche. La police n'avait pas fourni de chiffres dimanche soir.
Depuis 1975, seuls les motards avaient l'obligation d'allumer leurs feux de jour afin d'être plus visibles dans le flot de la circulation. Selon la FFMC, cette différenciation constitue "un indéniable facteur de sécurité" par rapport aux automobilistes.
Le gouvernement a annoncé fin mars le renouvellement de cette mesure incitative, provoquant à nouveau l'ire des "motards en colère".
Ceux-ci contestent en effet les chiffres avancés par le ministère des Transports, qui a assuré que sa recommandation avait été suivie sur cinq mois "en moyenne de 20 à 25%". La FFMC n'évoque de son côté que 14% des automobilistes allumant leurs feux hors agglomération de jour.
"A partir du moment où un système est bon, il n'y a pas de raison qu'il soit le monopole des deux-roues ou des voitures", a estimé dimanche sur RTL le ministre des Transports, Gilles de Robien. Selon lui, grâce à cette mesure, les motards "voient mieux les voitures".
"Cette mesure n'est qu'un simple effet d'annonce, la répression, cela ne fait pas tout, et rien ne remplace la formation", a déclaré à l'AFP, Nadia Levêque, membre du bureau national de la FFMC, en référence à la hausse de 5,2% des accidents de la route enregistrée au mois de mars.
Evoquant un défaut de "formation", avant le permis, à une conduite plus sécurisée, Frédéric Brozdziak, également membre du bureau national et présent dimanche dans la manifestation parisienne, a dénoncé la "communication", à défaut de "travail de fond", qui a accompagné la mise en place de l'expérimentation.
Le plus gros rassemblement du week-end a démarré dimanche de l'esplanade du Château de Vincennes à Paris, où 5.000 motards selon les organisateurs ont été rejoints par 2.000 autres venus du Nord-Pas-de-Calais et de Picardie.
Ceux-ci avaient auparavant organisé un "Roubaix-Paris", lancé symboliquement par la FFMC le jour où se disputait la classique cycliste Paris-Roubaix.
Les motards se sont rendus sous la tour Eiffel pour enterrer symboliquement "la mesure dans un cercueil", ont-ils annoncé.
La veille, les motards étaient, selon eux, 500 à Bordeaux, 300 à Toulouse ou encore 400 à Dijon et 200 à Nice.
Très satisfaits de la mobilisation, "vues les conditions climatiques", les "motards en colère" ont assuré que le gouvernement refusait de les rencontrer et déclaré avoir recueilli en huit mois 150.000 signatures pour une pétition nationale.
"Je suis pas un fana des feux allumés pour avoir des feux allumés. Je suis fana de sauver des vies humaines", a assuré M. de Robien, affirmant être prêt, "le cas échéant", à "abandonner cette mesure" ou encore à rendre la mesure "obligatoire simplement l'hiver et facultative l'été". "Toutes les solutions sont ouvertes", a-t-il ajouté.
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