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Sculpture sur corps
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(Consensuel, ligotage, M/f)

 

----- Mise en garde ---------------------------------------------------
Ce texte contient des situations de nature sexuelle qui pourraient choquer certaines personnes. Si vous avez moins de 18 ans ou si vous êtes facilement effarouché, je vous conseille de cesser là votre lecture. Si néanmoins vous décidez de continuer, vous le faites sous votre propre responsabilité. Ce texte a été écrit par Anak Drakken. Il peut être librement redistribué tant que le nom de son auteur reste mentionné.
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Ça devait fatalement se terminer comme ça... Tout le monde le sait : il ne faut jamais faire confiance à un inconnu, ma mère me l’avait répété je ne sais combien de fois... Et cela semblait devoir s’appliquer particulièrement à cette situation : quelqu’un que j’avais tout d’abord rencontré sur l’Internet, avec qui je n’avais échangé que des messages électroniques, bref, quelqu’un dont je ne savais quasiment rien ! Et pourtant cette fois, cela m’avait semblé possible. Il avait l’air honnête, attentionné avec un rien de naïveté, comme si c’était la première fois qu’il se livrait à ce genre d’exercices ; c’était bien ce qu’il m’avait dit et, sotte que j’étais, je l’avais cru. Mais tout semblait si franc, si transparent, si... naturel...

J’eusse dû être furieuse, folle de rage, mais étrangement, la déception recouvrait tous mes autres sentiments. J’avais cru durant quelques temps pouvoir vivre tous ces rêves refoulés qui me hantaient depuis mon enfance, lorsque, seule dans mon lit, je m’imaginais nue, ligotée, impuissante entre les mains d’un bourreau que je n’osais même imaginer... L’espace de quelques semaines, ces fantasmes semblèrent pouvoir se réaliser mais tout s’était désormais écroulé et j’avais perdu tout espoir de pouvoir jamais trouver ce à quoi j’aspirais sans oser me risquer à le chercher. Allais-je seulement me sortir de cette mésaventure ? Ces cordes qui m’immobilisaient n’étaient pas très fortement serrées et je crus au début pouvoir m’en défaire facilement. Mais je dus rapidement  me rendre à l’évidence que c’était un Maître ès Cordes et Noeuds qui m’avait ainsi ligotée : je ne pouvais que gigoter vainement et grotesquement sur le sol froid.

Et dire que je m’étais laissée faire ! Il m’avait emmenée au milieu de la forêt, m’avait ordonné de me déshabiller puis m’avait ligotée lentement, soigneusement, avec une précision qui se révélait maintenant diabolique. En dernier lieu, il m’avait bandé les yeux.

Pourtant rien ne m’avait paru étrange aujourd’hui. Il avait eu l’air aussi calme que d’habitude ; cette lueur malicieuse brillait dans son regard comme durant les séances précédentes. En chemin, il s’était même assuré plusieurs fois que j’avais vraiment envie d’essayer le « plein-air » comme il l’appelait ; c’était cette même pudeur qui m’avait dès le début mise en confiance. Nos jeux n’avaient rien d’obscènes ni de luxurieux entre ses mains : il voyait cela comme un art, de la « sculpture sur corps ». Il cachait bien son jeu! Toute cette patiente mise en branle pour arriver à ses fins... Je crois que je ne pourrai plus jamais faire confiance à personne.

Alors qu’il nouait le bandeau derrière ma nuque, me plongeant dans l’obscurité totale, il m’asséna ces paroles cruelles : - Nous voici loin de tout, seuls au milieu de la forêt. Dans quelques heures, la nuit va tomber, la rosée va se déposer sur ta peau et glacer jusqu'à la moelle de tes os. Longue agonie que le trépas par la faim et le froid, car c’est bien le sort qui t’attend. De loin en loin, je viendrai te contempler alors que tu lutteras de plus en plus faiblement contre tes liens. Oh ! Tu essayeras de te libérer, mais je fais confiance à mes noeuds pour te retenir efficacement. Me voici enfin arrivé au meilleur de notre relation : sa fin. Ce sont les fins que j’ai toujours le plus apprécié... surtout quand elles sont unilatérales.

Il y avait une telle froideur dans ces paroles, une telle cruauté insensible! J’entendis ses pas s’éloigner dans les feuilles mortes. J’ai eu un instant envie de hurler notre safe-word. Je ne l’avais utilisé qu’une fois jusqu’ici, lors de notre première séance il y a quelques mois. A vrai dire, cela n’avait été que pour voir s’il le respectait, car je n’étais pas réellement inquiète ; nous jouions seulement avec un foulard mollement attaché autour de mes poignets ; j’aurais pu facilement m’en débarrasser, simplement en écartant les bras, mais je m’étais soudain sentie prisonnière dans mon esprit. La sensation était à la fois délicieuse et effrayante. Il s’était alors doucement penché sur mes jambes - j’étais étendue, habillée, sur son lit - dans l’intention évidente de nouer une seconde étoffe autour de mes chevilles. La sensation de captivité s’accrût encore et je crois que j’eus un orgasme rien qu’en imaginant ce qu’il allait me faire ; ce sentiment était si nouveau et si magnifique que je voulais pouvoir le savourer plus lentement. Je murmurai alors notre safe-word. Il s’interrompit aussitôt et fit mine de libérer mes poignets. Je lui fis signe de n’en rien faire et, peu après, nous reprenions le cours de la séance...

Mais aujourd’hui, c’était différent ; c’étaient de vraies cordes qui entravaient mes poignets dans mon dos, de solides tresses de chanvre qui brélaient mes chevilles et les maintenaient plaquées contre mes fesses, des liens implacables qui s’entrelaçaient autour de mes membres paralysés et de mon corps dénudé. Crier notre safe-word, c’était lui avouer ma terreur, lui faire plaisir ; il allait ricaner tout en disant que la comédie était terminée et que je n’étais plus désormais qu’un objet entre ses mains...

Ses pas décrurent, s’éteignirent... j’étais seule ! La cécité artificielle dans laquelle j’étais plongée me rendait attentive à tout un monde de sensations ignorées : les sons innombrables de la forêt, vent dans les feuilles, chant des oiseaux, bourdonnement des insectes, craquement des branches,... mille odeurs végétales se mêlaient à celle de ma sueur terrorisée ; au gré de mes tortillements, je sentais la nature du sol changer, mon corps enlacé épousait la moindre de ses déclivités, des taches de lumière invisible réchauffaient par endroit ma peau tendue sous les cordes ; des feuilles se collaient sur mes seins, des brindilles se prenaient dans mes bouclettes...

Je commençai par me contorsionner, explorant l’espace dans mon dos du bout des doigts à la recherche d’un noeud, d’une boucle. Mais toutes les attaches avaient été habilement placées hors d’atteinte. Il me restait alors la ressource de faire casser mes liens, ou du moins de les distendre suffisamment pour me permettre de me libérer. Je bandai tous les muscles de mon corps, m’arc-boutai sur mes liens, roulai sur le dos, sur le ventre... Comme tous les liens étaient triplés ou quadruplés, la pression était largement répartie sur ma peau et ne causait de la sorte ni cisaillement ni écrasement de mes chairs. Mes muscles roulaient sous les cordages qui se jouaient d’eux comme s’ils avaient fait partie de mon organisme. Mes efforts pour briser mes entraves semblaient aussi vains que si j’eusse voulu déchirer mes propres tendons. Mon corps se pliait, se tendait, s’enroulait dans les étroites limites que lui imposait sa prison de chanvre.

Malgré tous mes efforts, les liens ne semblaient pas se desserrer d’un toron. Pourtant un effet insidieux se produisait. A chaque torsion, à chaque tension, les cordes appuyaient ici, se relâchaient là, construisant peu à peu une sorte de massage corporel. Et plus je me débattais, plus la sensation se faisait agréable. Lorsque je m’en rendis compte, il était trop tard : j’étais autant prisonnière des liens que de mon désir ; mes cuisses se crispaient l’une contre l’autre profitant de l’infime liberté que leur laissait le brélage de mes genoux ; je sentait à chaque inspiration les noeuds qui reposaient contre mon sexe appuyer subtilement aux emplacements les plus sensibles. C’était comme des dizaines de mains qui me caressaient et me maintenaient en même temps. Mes mouvement se firent de plus en plus saccadés, de plus en plus spasmodiques et, simultanément, de plus en plus violent ; ma respiration était saccadée ; je n’avais plus qu’une terreur : que mes liens cèdent et privent de leur délicieuse incarcération !

Et soudain, la houle qui s’enflait en moi submergea toutes les digues et je perdis toute conscience de la réalité, flottant dans un univers où n’existaient plus que les cordes et moi ; plus que moi, en fait, car les cordes faisaient désormais partie de mon corps comme autant de fibres érogènes...

Lorsque je redescendis sur terre, je réalisai qu’il était penché sur moi, occupé à déroulé patiemment les cordes qui m’avaient soulevée si haut... Tout n’était donc que mise en scène et ma confiance n’avait été trompée que dans mon imagination. Et à cette découverte, mon soulagement atteignit des sommets presque aussi hauts que mon bonheur : tout allait pouvoir continuer !

*  *  *  FIN  *  *  *

Ce texte est une fiction, mais je serais des plus heureux qu’il soit dépassé par la réalité. Si ce genre d’expériences te tente ou si tu désires échanger de la correspondance, tu peux m’écrire à cette adresse (Les « flames » seront ignorés.)

 

Anak Drakken, 1997

 

Vous pouvez contacter l'auteur par courier à: drkn@usa.net

 

Si vous avez des commentaires ou des suggestions, écrivez moi à: "esclave@videotron.ca"