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La cérémonie du vendredi
 
Assise toute seule dans son bureau, Chantal Brodeur considérait avec des sentiments partagés l’enveloppe brune déposée en plein milieu de son pupitre. La missive en papier recyclé ne portait que ses nom et prénom ainsi que la mention « confidentiel ». évidemment, ce n’était pas la première fois que pareille situation se produisait, loin s’en fallait. Depuis trois mois, chaque vendredi matin, la jeune femme retrouvait un envoi semblable à son arrivée au travail. Au début, elle avait bien tenté de découvrir qui était l’auteur de ces messages anonymes, mais sans succès. Il pouvait s’agir de n’importe lequel de ses confrères ou consoeurs de travail et elle ne se trouvait guère en position de publiciser ses démarches d’enquête, de peur de rendre sa situation encore plus inconfortable.

En effet, quiconque lui faisait parvenir ces mystérieuses instructions la tenait. Chantal ignorait comment l’inconnu (ou l’inconnue) avait eu vent de ses actions inappropriées concernant un des dossiers dont elle était chargée, mais on la faisait chanter depuis quelques mois en la menaçant de tout révéler à sa patronne, Mme Lorraine Dupuis. Non pas que la jeune femme ait retiré le moindre avantage de ses malversations, mais elle risquait que l’on s’interroge sur ses qualifications et elle se voyait contrainte à devoir démissionner ou même être renvoyée. Son emploi n’étant que temporaire durant le remplacement d’une employée permanente en congé de maternité, Chantal Brodeur ne voulait pas qu’une mauvaise note vienne noircir son curriculum vitae. De plus, elle avait besoin de cet emploi pour subvenir à ses besoins car son petit ami l’avait laissé en plan quelques mois auparavant, lui laissant le fardeau du loyer. D’ailleurs, Chantal n’était pas sans imputer ses manœuvres plutôt malhabiles que frauduleuses à son état d’esprit suite à cet abandon.

Cherchant à échapper aux souvenirs de ses premières « prestations », Chantal laissa de côté l’enveloppe qu’elle n’avait toujours pas touchée et elle s’empara de son petit miroir sur pied. La glace lui renvoya le visage d’une jeune femme d’à peine trente ans, aux yeux bruns un peu larmoyants, aux cheveux châtains à peine coiffés qu’elle portait à mi-cou. Elle se trouva assez jolie, mais sans rien d’exagérément érotique. Elle reposa le miroir et considéra son habillement du jour, caractéristique des vendredi depuis plusieurs semaines. Elle portait une blouse blanche légèrement transparente qui laissait entrevoir un soutien-gorge noir contrastant. Elle arborait une jupe noire aux genoux sur des bas également noirs. Ses pieds étaient chaussés de talons hauts qui la grandissaient de quelques pouces, ce qui lui plaisait car elle ne faisait que cinq pieds, trois.

Dans l’espoir un peu vain de repousser l’échéance, Chantal Brodeur éloigna l’enveloppe et la déposa dans le casier médian d’un support de plastique. Elle tenta de reporter son attention sur les tâches qui l’attendaient pour la journée. Emportée par le tourbillon des téléphones qui se succédèrent durant la matinée, elle y parvint presque. Un peu vers 10 heures trente, Monique, la secrétaire de sa patronne, pénétra dans son bureau pour lui tendre quelques chemises contenant de nouveaux dossiers à traiter. Elle ne put que remarquer la tenue de la jeune femme qui tranchait avec l’habillement décontracté qu’elle arborait habituellement.

La secrétaire esquissa un sourire en commentant :

- On est en beauté ce matin! Encore un souper galant?

Chantal hocha la tête sans répondre de vive voix. Depuis plusieurs semaines, elle devait s’astreindre à ne pas trop éveiller l’attention. D’autant plus qu’elle devait donner l’impression qu’elle faisait des heures supplémentaires en fin de journée en patientant pour son prétendant imaginaire. C’était ce qu’elle avait trouvé de mieux pour demeurer à son poste après les heures de bureau.

Sa visite promptement expédiée, Monique laissa Chantal seule. La jeune femme s’aperçut qu’elle avait un peu perdu le goût de travailler. Ses yeux se posèrent sur le casier médian d’où émergeait la bordure de l’enveloppe brune. Elle s’était pourtant promis d’attendre la fin de la journée avant d’en prendre connaissance, mais la curiosité la brûlait. Elle avança la main, mais un sursaut la fit hésiter de nouveau. Elle savait que si elle ouvrait l’enveloppe, c’en serait fini de ses tâches professionnelles pour la semaine et qu’elle ruminerait tout l’après-midi.

Heureusement, l’heure du goûter vint lui fournir l’occasion de s’éloigner de l’enveloppe. Elle en profita pour rejoindre quelques autres compagnons de travail qui allaient casser la croûte au restaurant comme tous les vendredi. Cherchant à ne pas être le point de mire et à devoir expliquer ses états d’âme, Chantal Brodeur prit place en bout de table. Tous les hommes lui décochaient des regards affamés, quant aux femmes, elles ne se gênaient pas pour afficher leur mine jalouse. Encore une fois, Chantal se demanda qui était son maître-chanteur, mais sans plus de succès. Peut-être était-il assis à la même table qu’elle, espérant quelque faux pas.

De retour au bureau, Chantal Brodeur s’ingénia à s’occuper l’esprit avec les multiples dossiers qu’elle devrait traiter. Vers quatorze heures, plusieurs de ses compagnons et compagnes prirent congé car le week-end prochain en était un de trois jours et certains d’entre-eux comptaient aller en voyage ou dans leur famille. Quelques-uns prirent la peine de venir la saluer, ne comprenant pas les motivations qui pouvaient la pousser à s’incruster dans son poste en ce bel après-midi. Elle leur expliqua rapidement qu’elle préférait y attendre son copain plutôt que de rentrer chez elle, ce qui l’aurait obligé à effectuer en double le trajet la séparant de sa demeure du centre-ville. Sans savoir s’ils étaient dupes, elle se replongea dans ses dossiers comptables.

Chantal fut de nouveau dérangée vers seize heures. Sa patronne, Mme Dupuis pénétra dans son bureau, s’étonnant de la trouver toujours en poste avant le congé. La jeune femme lui tint le même laius qu’aux autres, mais avec un peu plus de nervosité. La grande femme qui devait avoir la mi-quarantaine la dévisagea avec un sourire de connivence et se dirigea vers la fenêtre du bureau qui donnait sur la rue principale; son propre bureau était situé sur la façade opposée, avec vue sur le fleuve.

- A ce que je vois, vos copains n’ont pas les mêmes contraintes, commenta-t-elle, notant le peu de véhicule qui encombraient encore l’aire de stationnement. Je crois bien que je vais permettre aux autres de partir un peu plus tôt. Vous êtes sure de ne pas vouloir faire de même?

- Je vous remercie, dit Chantal, mais j’ai déjà convenu avec mon copain qu’il devait me prendre ici.

La directrice haussa les épaules en proposant :

- Vous pourriez lui téléphoner pour changer vos plans…

- Oh! Il travaille sur la route, je n’ai pas vraiment la possibilité de le joindre.

- Je vois! Eh bien! Je vous félicite de votre persévérance, j’apprécie que vous teniez le fort tous ces vendredi.

Chantal sentit un frisson lui parcourir l’échine. Si sa patronne savait vraiment ce qui la poussait à demeurer à son poste. La grande femme demeura un moment dans son bureau, posant quelques questions sur les dossiers dont son employée avait la charge, puis elle la quitta lui souhaitant d’un air de connivence de passer une bonne soirée. Elle se dirigea vers les autres bureaux pour aviser les retardataires qu’ils pouvaient quitter les lieux. Des éclats de bonne humeur parvinrent aux oreilles de Chantal qui avait bien de la peine à se concentrer.

Chantal attendit que tous les autres soient partis avant de s’emparer de l’enveloppe brune qui occupait le casier médian. A son tour, Mme Dupuis rentra chez elle, non sans s’être arrêtée de nouveau pour lui rappeler de bien verrouiller et d’actionner le signal d’alarme avant son départ.

La jeune femme ne fit pas un geste tant que toutes les voitures n’eurent quitter l’aire de stationnement. Elle sentit son cœur se mettre à battre à tout rompre comme à chaque vendredi à cette heure-là. Du bout des doigts de la main droite, Chantal tira l’enveloppe qu’elle déposa devant elle, mais sans l’ouvrir. Elle se demanda ce qu’elle contenait cette fois. Ce n’était jamais la même chose, mais il y avait certaines constantes dans ce qui lui était demandé. Et puis, à chaque fois, on la poussait à aller encore plus loin, comme si on cherchait à la tester. Elle trembla en se rappelant ce qu’on lui avait demandé de faire la semaine précédante.

Chantal allait s’emparer du coupe-papier lorsque des bruits lui parvinrent, provenant du corridor. Elle bondit sur ses pieds, ouvrit la porte de son bureau et poussa un soupir de soulagement en découvrant la femme de ménage qui s’apprêtait à épousseter les bureaux et vider les corbeilles. Habituellement, elle commençait son travail un peu avant le départ des autres employés, mais le congé avait bousculé le déroulement des choses.

Elle dévisagea la jeune femme avec surprise en disant :

- Tiens! Vous êtes encore là, vous? J’aurais crû qu’avant un congé, vous auriez fait comme les autres…

Sans attendre de réponse qui ne viendrait sans doute pas, elle se retourna et vaqua à ses tâches, sans doute fort désireuse elle-même de ne pas s’éterniser outre-mesure.

Chantal Brodeur referma la porte derrière elle et revint s’asseoir en pouffant. Elle allait devoir attendre le départ de la femme de ménage pour prendre connaissance du contenu de l’enveloppe. Il fallut moins d’une heure à la ménagère pour compléter son travail et quitter le bureau. On l’entendit prendre l’ascenseur vers un autre étage où elle allait poursuivre sa corvée de nettoyage. Craignant une nouvelle visite inopportune, Chantal se hâta de verrouiller la porte d’entrée du bureau. Quant au système d’alarme, cela attendrait le moment de son départ.

Chantal palpa l’enveloppe pour tenter d’en déterminer le contenu. Celui-ci semblait plus important qu’à l’habitude comme s’il y avait une seconde enveloppe à l’intérieur. Décidant de ne plus retarder l’inévitable, elle s’empara du coupe-papier dont elle fit glisser la lame sous le rabat. Ouvrant l’enveloppe, elle en fit glisser le contenu sur le pupitre. Ainsi qu’elle l’avait pressenti, un autre pli se trouvait là, portant également une mention particulière : « à ne pas ouvrir avant la cérémonie ». Elle soupesa cette enveloppe qui semblait contenir des objets de taille et de caractéristiques diverses, sans doute des accessoires nécessaires à sa prochaine prestation. Elle reporta son attention aux quelques feuillets qui accompagnaient l’enveloppe de matériel et elle se mit à lire en silence.

A mesure qu’elle apprenait la teneur de ce qui lui était ordonné, ses yeux s’écarquillaient et son teint blêmissait d’effroi. Jamais on avait exigé d’elle une telle performance; même au cours des dernières semaines. Il semblait que l’on atteignait cette fois les sommets de l’abjection.

Elle voulut croire à une farce, mais les souvenirs des menaces de tout dévoiler à sa patronne la convainquirent de ne pas reculer. Cependant, elle doutait de sa capacité à pouvoir triompher du cérémonial qu’on voulait lui imposer. Pendant plusieurs minutes, Chantal relut les instructions encore et encore pour s’en imprégner, voulant se convaincre de l’inutilité de toute révolte de sa part.

- Oh! Mon Dieu, finit-elle par laisser tomber entre ses lèvres. Comment vais-je m’en sortir?

Il lui fallut près d’une heure pour rassembler tout le courage nécessaire pour affronter sa prestation. Elle passa ce temps à relire les instructions comme si elle espérait y trouver un quelconque échappatoire, à soupeser de nouveau la seconde enveloppe renfermant les accessoires.

La pendule du bureau de la directrice énonça dix-huit heures, faisant sursauter la jeune femme. Délaissant la note d’instruction qu’elle déchiqueta et jeta à la corbeille ainsi qu’il lui était ordonné dans les instructions, Chantal Brodeur prit l’enveloppe d’accessoires, puis elle éteignit le plafonnier de son bureau, jetant la pièce dans l’obscurité car la noirceur opacifiait déjà le ciel en ce vendredi de novembre.

Attentive à ne pas heurter de pupitre ou d’autre pièce de mobilier, la jeune femme se glissa dans le corridor en direction du bureau de la directrice. Avant d’atteindre celui-ci, elle s’arrêta en percevant le bruit que faisait la ménagère en provenance d’un étage supérieur en quittant l’édifice, sa soirée de travail terminée. Chantal chassa un tremblement qui s’était emparé d’elle en percevant ce bruit, puis elle tourna le bouton de la porte du bureau. Elle actionna l’interrupteur, inondant la pièce de lumière.

Le bureau de la directrice était une grande pièce d’environ quatre mètres sur dix qui servait également de salle de conférence. Outre de multiples classeurs rangés le long d’un mur de côté, l’essentiel du mobilier consistait en un bureau de style ministre et une grande table ovale placée de manière à avoir vue sur la large fenêtre donnant sur le fleuve.

Chantal pénétra à pas feutrés dans la pièce dont le plancher était recouvert d’une épaisse moquette. Elle déposa l’enveloppe contenant les accessoires par terre, devant la fenêtre qui atteignait presque le plancher. Elle se dirigea vers l’extrémité de l’encadrement de la fenêtre où elle actionna le dispositif permettant de faire glisser les stores verticaux. Elle ne s’arrêta que lorsque tout le pan de verre fut dénudé, exposant la salle à l’obscurité régnant au dehors. Elle regarda vers le sentier piétonnier qui courrait entre l’immeuble et le bord du fleuve, heureusement sans y distinguer âme qui vive. Si quelqu’un s’avisait de passer par là, il aurait droit à un spectacle bien particulier.

Délaissant la fenêtre, elle revint vers l’enveloppe contenant les accessoires qu’elle déchira d’un coup sec, répandant son contenu par terre. Elle s’agenouilla pour en faire l’inventaire. Il y avait là deux bandes d’étoffe de couleur noire, deux ceintures de cuir étroites, une paire de menottes avec la clef, deux pinces attache-feuilles noires et une cassette audio. Prenant cette dernière, elle alla l’insérer dans le lecteur du magnétocassette de sa patronne, mais sans l’actionner immédiatement.

Revenant vers la petite pile d’accessoires, Chantal récupéra la clef des menottes et chercha un emplacement pour pouvoir l’y retrouver facilement car elle se rappelait qu’elle allait devoir se bander les yeux durant la majeure partie de la cérémonie. La clef étant suspendue à une chaînette, elle décida de l’accrocher au bouton de la porte du bureau, endroit qu’elle pensait pouvoir retracer facilement, même en aveugle. Cette précaution prise, la jeune femme revint vers le magnétocassette dont elle poussa le bouton de mise en marche.

Elle hésita un moment, mais elle finit par se décider. Prestement, elle monta sur la table de conférence à l’aide d’une chaise et elle s’installa debout, le plafond étant heureusement à près de trois mètres de hauteur. La jeune femme se dit qu’elle n’avait plus de possibilité de reculer dorénavant. Elle se dit de nouveau que la fenêtre du bureau éclairé pouvait se révéler un excellent point de mire si quelqu’un venait à passer au dehors, mais heureusement ce vendredi frisquet pouvait être considéré comme une bénédiction.

A peine quelques instants plus tard, la musique provenant du magnétocassette se fit entendre, la surprenant par le volume qu’elle n’avait pas pensé régler au préalable. C’était une pièce un peu rock que l’on entendait fréquemment à la radio et destinée à la déstresser un peu. Il lui fallut néanmoins une bonne minute pour qu’elle se laisse aller à danser comme il lui avait été ordonné. Finalement imprégnée du rythme rapide, Chantal se déhancha langoureusement. Elle venait à peine de se laisser aller lorsque la musique rock s’arrêta pour faire place à une seconde pièce beaucoup plus lente, langoureuse, ponctuée de batterie et de saxophone, assez typique de ce qu’on peut entendre dans des clubs de troisième ordre. La jeune femme eut un haut-le-cœur, réalisant ce que l’on attendait d’elle.

Chantal Brodeur marcha d’un bout à l’autre de la grande table, au son de la musique, se préparant mentalement à effectuer un strip-tease. Elle attendit le premier passage puissamment ponctué par la batterie, pour déboutonner son chemisier et le laisser tomber par terre, levant les bras au-dessus des épaules pour bien s’exposer. Ensuite, elle abaissa la fermeture-éclair de sa jupe, la dégrafa, puis la hissa vers le haut, dévoilant ses bas retenus par un porte-jarretelles. La jupe rejoignit la blouse par terre et la jeune femme souleva la jambe droite pour retirer son premier bas. Elle détacha le porte-jarretelles du bas, puis elle roula celui-ci vers la cheville, très lentement. Elle ôta son escarpin, retira le bas, puis elle remit sa chaussure avant de reposer le pied sur la table. Elle procéda de la même manière pour le bas gauche avant de retirer le porte-jarretelles.

La jeune femme n’arborait plus que son soutien-gorge, son slip et ses talons-aiguilles, tous des accessoires de couleur noire. La jeune femme pensa avec nostalgie que malgré des demandes répétées de son petit ami, jamais elle ne s’était laissée aller à une prestation de ce genre. Aujourd’hui, elle se donnait en spectacle pour un ou des inconnus, du moins le pensait-elle.

Incessante, la musique insistait. Chantal continuait de se dandiner lascivement sur la grande table, hésitant à poursuivre. Finalement, elle se décida, croisant les bras sur sa poitrine, abaissant les bretelles du soutien-gorge qu’elle dégrafa, puis jeta par terre. Elle écarta les bras, exposant ses seins plutôt petits devant la fenêtre. Elle ne distinguait toujours aucune présence au-dehors, mais cela ne la rassurait qu’à demi. Elle demeurait persuadée qu’on l’observait, mais sans savoir depuis quel poste.

Chantal Brodeur se retourna dos à la fenêtre, trop heureuse de ne plus faire face à ce grand rectangle noir. Elle écarta les jambes et elle croisa de nouveau ses mains devant elle, insinuant ses doigts sous le rebord du slip sur les hanches, distendant le tissu élastique. D’un geste mal assuré, elle abaissa le slip à hauteur des genoux où il demeura bloqué. Elle ramena la jambe droite vers l’avant, croisant la gauche et libérant le slip qui chuta aux chevilles. Elle pivota vers la fenêtre, puis fit un petit bond et ramassa sa culotte dont elle se cacha pudiquement l’entrejambe. Rassemblant son courage, la jeune femme jeta négligemment le slip sur la pile de vêtements entassés par terre, puis elle tomba à genoux sur la table, se faisant violence pour écarter les cuisses et révéler sa toison pubienne d’où sourdait la fente.

Chantal tremblait de gêne, mais aussi, à sa grande honte, d’un secret plaisir intérieur. Comme lors de ses précédantes prestations, elle commençait à ressentir un début d’excitation coupable. Mais tout n’était pas réglé, loin de là. La jeune femme n’en était pas au bout de son cérémonial, beaucoup d’autres choses l’attendaient, augmentant son trouble.

La musique s’arrêta, faisant place au silence. Chantal descendit de son podium improvisé et alla mettre hors-circuit le magnétocassette maintenant inutile. Elle regarda autour d’elle, se remémorant la suite des instructions, attentive à ne rien laisser au hasard. Elle ne put s’empêcher d’aller regarder par la fenêtre pour s’assurer que nul ne l’observait. Toujours rien, du moins en apparence.

Chantal Brodeur se dressa devant la fenêtre, une ceinture de cuir à la main. Faisant trois tours autour de ses chevilles, elle boucla la ceinture, puis elle s’agenouilla légèrement débalancée par le lien improvisé. Puis elle força une cheville à croiser l’autre, occasionnant un resserrement de la courroie et un écartement obscène des cuisses. Ainsi exposée, la jeune femme s’empara d’une première bande d’étoffe qu’elle roula sur elle-même, puis dont elle se servit pour se bâillonner elle-même, serrant le bâillon le plus fort possible. Elle s’astreignit même à essayer de parler pour en vérifier l’efficacité, sans succès d’ailleurs.

S’étant mise psychologiquement dans l’esprit de ce qui allait suivre, Chantal s’empara de la seconde ceinture par la boucle qu’elle entoura de la main et dont elle testa l’efficacité en l’abattant plusieurs fois sur le plancher auprès d’elle. La moquette étouffa tout le bruit, mais sa main ressentit l’impact avec un peu d’effroi. Inutile de reculer, elle allait devoir y passer coûte que coûte.

- Combien de coups déjà? se dit-elle silencieusement. Ah oui! Cinquante…!

Cinquante coups de fouet. Jamais elle n’aurait imaginé devoir un jour s’astreindre au supplice de l’auto-flagellation. Et on lui avait également prescrit de quelle façon chaque ensemble de dix coups devait être appliqués et à quel endroit de son corps.

Un peu incertaine, Chantal agita le fouet improvisé, hésitant à porter le premier coup. Heureusement, celui-ci était destiné à son postérieur qui était un peu enveloppé et qui devrait supporter adéquatement la punition. Se décidant, elle abattit le premier coup sur la fesse droite, se surprenant elle-même par la vigueur du coup. Préférant ne pas éterniser le supplice et risquer que la douleur ne lui enlève quelque volonté, elle frappa de nouveau à quatre reprises sur la même fesse avant de changer de main et de côté. Moins habile de la main gauche, les coups suivants furent moins vigoureux, mais suffisants pour induire une chaleur dans l’ensemble de son postérieur.

Reprenant la main droite, la jeune femme entreprit de flageller alternativement ses omoplates à dix reprises tel que spécifié dans les instructions. La manœuvre se révéla un peu moins aisée qu’elle ne s’y attendait. Pour bénéficier de l’effet d’élan, elle devait se tourner légèrement du côté opposé à son objectif, puis elle faisait claquer la ceinture diagonalement. La lanière frappait d’abord l’épaule et l’omoplate, puis son extrémité fouettait le bas du dos. Comme elle avait beaucoup moins de graisse à ces endroits, la jeune femme ressentit chaque coup avec une douleur cuisante.

La suite se révélerait encore plus brutale et elle s’y attendait. Avant de reprendre ses coups de ceinture, Chantal Brodeur massa ses cuisses qui allaient recevoir les coups subséquents. Les attouchements lui procurèrent un certain plaisir contrastant avec la brûlure de son dos et de ses fesses qu’elle imaginait bien roses. Une humidité qu’elle reconnaissait avec honte émanait de son sexe. Elle rassembla son courage et levant la ceinture, elle frappa avec vigueur l’intérieur de sa cuisse, à moins de six pouces de son entrejambe. La morsure du cuir lui apparut beaucoup plus intense que sur les fesses et elle se demanda comment elle pourrait venir à bout de sa tâche. De nouveau, la ceinture claqua avec frénésie, toujours au même endroit. Elle vit une tache rose se former là où le cuir avait frappé, puis rougir et virer au brun. Elle comprit qu’elle allait devoir supporter des bleus pour quelques jours à tout le moins. Elle changea de main, puis elle fouetta son autre cuisse avec la même force et à peine moins de précision. Le haut des cuisses brûlant, la jeune femme se félicita d’avoir mis le bâillon prescrit car elle aurait sûrement hurlé sous les coups.

Soudain, Chantal Brodeur se mit à trembler et à frissonner malgré la température somme toute adéquate. Elle venait de songer à la suite de ses tourments. Ainsi qu’elle l’avait fait pour ses cuisses, elle se caressa les seins, mais sans réussir cette fois à éliminer ce sentiment de crainte qui l’avait envahie. Bombant le torse, elle prit la ceinture de la main droite et elle se fouetta la poitrine en comptant mentalement les coups :

- Un… deux… trois… quatre… cinq… six… sept… huit… neuf… dix!

Avec une certaine surprise, elle constata que les coups portés alternativement sur les seins droit et gauche ou quelquefois sur les deux en même temps lui causaient une douleur quand même plus tolérable qu’aux cuisses. Pourtant ses petits seins arboraient une teinte qui dépassait visiblement le rosé. Peut-être n’avait-elle pas frappé assez fort. Mais qui pourrait lui en vouloir?

Son dernier objectif ne faisant guère de mystère, Chantal écarta les cuisses le plus qu’elle le pouvait avant de sabrer du poignet sur l’ultime lieu de sa féminité, son sexe. Le cuir se plaqua comme une ventouse sur la chair qui cédait. Au début, son corps se révoltait sous l’attaque, mais incroyablement, il finissait par y prendre un certain goût, la vulve s’avançant comme si elle cherchait à précipiter la morsure du fouet.

Dix fois la ceinture s’abattit sur sa chatte, induisant une sensation étrange qui se répercutait dans tout son être, bien au delà de son sexe. La jeune femme en ressentait un mélange de volupté et d’impuissance à lutter contre le sort qui s’acharnait sur elle. Son sexe s’humectait et les derniers coups se perdirent dans un clapotis visqueux.

La jeune femme faillit s’abandonner à la masturbation, mais elle se retint, le cours du cérémonial devant se poursuivre. Abandonnant momentanément la ceinture qui lui avait jusqu’alors servi de fouet, Chantal s’empara de l’une des deux pinces à papier. La destination de cet accessoire tout à fait banal lui était connu, aussi ne perdit-elle pas de temps. Elle pinça son sein gauche au niveau de l’aréole entre le pouce et l’index de la main gauche pour faire darder le mamelon, puis d’une main droite tremblante elle écarta les mâchoires de la pince et les laissa se refermer sur le bout érigé. Une douleur vrillante lui transperça la poitrine et elle dut se retenir de toutes ses forces pour ne pas arracher la pince métallique. Encore pire, il lui fallut répéter l’exercice pour le sein droit. Lorsque ce fut fait, il lui sembla qu’un circuit électrique s’était établi entre son cœur et chacun de ses mamelons. La douleur était vraiment pénétrante et continue, du moins au début.

Et dire qu’elle allait devoir supporter ces bijoux durant une heure. Elle considéra la chair rosée de ses aréoles qui virait au blanc, exsangue, puis elle s’attela à la suite du programme. Ce dernier allait se révéler plus compliqué qu’il ne lui était apparu lors de sa lecture. Il lui fallut réfléchir quelques instants pour bien appréhender la succession des mouvements qu’elle allait devoir exécuter.

Chantal prit d’abord la paire de menottes dont elle fixa l’un des bracelets à son poignet gauche, puis elle passa la ceinture qui avait fait office de fouet entre celle entravant ses chevilles et une boucle de la chaîne des menottes, l’attachant sans trop serrer. Sa position devenue beaucoup moins confortable, il lui fallait encore se bander les yeux tout en ayant l’usage de la main gauche passablement hypothéquée. Elle noua la seconde bande de tissu noir qu’elle mit en place tant bien que mal de la main droite. Avec quelque effort, elle réussit à se bander les yeux de manière à peu près satisfaisante et se retrouva coupée de la lumière du bureau. A tâtons, elle ramena son poignet gauche dans son dos en prenant bien soin de ne pas perdre le nœud joignant la ceinture devenue lien dorsal. Elle approcha sa main droite, trouva le bracelet et avant de le boucler, elle se remémora l’endroit où elle avait laissé la clef. Rassurée sur cet aspect capital, Chantal fit claquer la fermeture, s’emprisonnant les mains dans le dos.

Puisqu’elle allait devoir passer la prochaine heure dans cette posture, la jeune femme se laissa glisser de côté, puis sur le dos, prenant bien soin de ne pas faire de mouvements trop brusques qui risquaient de se répercuter dans sa poitrine. Au bout d’une dizaine de minutes, la douleur qui irradiait de ses mamelons commença à s’estomper légèrement. Chantal Brodeur prit conscience que jamais auparavant elle ne s’était retrouvée dans une situation où elle était aussi totalement impuissante. Le bondage où on l’avait contraint s’avérait tout à fait efficace tout en ne nécessitant pas de moyens dispendieux. Encore plus déroutant, elle s’était elle-même entravée en toute connaissance de cause.

Les minutes passaient lentement. Chantal avait résolu de s’en remettre à la pendule de sa patronne pour déterminer le moment où elle mettrait elle-même fin à son tourment. Dix-neuf heures avaient sonné peu avant que la jeune femme aie complété son bondage, il lui restait donc environ une cinquantaine de minutes à patienter. Elle regretta de nouveau de ne pas s’être accorder le privilège de la masturbation, mais elle craignait toujours d’être observée et que sa désobéissance ne se retourne contre elle. Soudain, elle se souvint que cette fois nulle-part il n’était fait mention dans les instructions écrites de la permission de se masturber à la fin du cérémonial contrairement aux semaines précédantes. Cela lui sembla bizarre, mais elle crut à un simple oubli de son maître-chanteur.

Chantal Brodeur demeura étendue sur le dos, les jambes toujours écartées et croisées, se demandant si l'ankylose n’allait pas l’empêcher de ramper jusqu’à la clef. La perspective de devoir demeurer là toute une fin de semaine de trois jours ne lui souriait guère, mais c’était bien davantage le risque d’être découverte le mardi matin dans une position aussi vulnérable qui l’inquiétait. Elle décida de hâter sa reptation sur le dos afin de lutter contre l’engourdissement des membres inférieurs. Cela se révéla beaucoup moins aisé qu’elle ne s’y attendait et elle se maudit d’avoir opté pour un lieu si éloigné pour y mettre la clef. Entravée comme elle l’était, elle devait s’arc-bouter d’abord en prenant appui sur les épaules, puis sur les mains et enfin sur le fessier. Elle ne pouvait progresser que de quelques pouces à la fois. Et tout mouvement réveillait les pincements aux mamelons, la dardant au cœur et restreignant le passage de l’air dans sa gorge déjà réduit par la présence du bâillon. Chantal dut peiner pendant une bonne demi-heure, s’accordant quelques brèves périodes de repos, pour parvenir à l’endroit où devait se trouver la porte du bureau.

La jeune femme attendit patiemment les huit coups de pendule annonçant vingt heures avant de se dresser tant bien que mal en position agenouillée, cherchant à tâtons la porte et la poignée. Quand elle trouva celle-ci, une désagréable surprise l’attendait. Ses mains avaient beau palper la poignée, la chaînette à laquelle était suspendue la clef brillait par son absence. Bien prête de céder à la panique, Chantal se laissa glisser vers le plancher croyant à tort que la clef avait pu tomber par terre, peut-être à la suite de ses propres tâtonnements. Ses recherches ponctuées de violents sursauts dans sa poitrine furent vains. Elle crut devoir s’abandonner à la terreur lorsqu’un léger tintement retentit tout près d’elle. Elle sursauta, tous les muscles tremblant. La panique fondit sur elle quand elle entendit une voix feutrée lui souffler :

- C’est cela que tu cherches, ma petite?

Chantal s’efforça de percer le mystère de cette voix, sans même parvenir à déterminer s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Elle se contenta de se recroqueviller sur elle-même, bien inutilement d’ailleurs car l’autre l’attrapa par la pince du mamelon gauche qui fut tiré violemment, induisant une douleur terrible. La jeune femme crut même qu’on lui arrachait le mamelon aussi sec.

- Pas de ça, ma petite, reprit la voix. Tu es à ma merci que ça te plaise ou non!

Chantal se fit violence pour ne pas hurler à travers son bâillon. La terreur que lui inspirait cette voix presqu’inhumaine, désincarnée, lui faisait regretter sa complaisance à avoir accepté tout ce qui lui avait été imposé jusqu’à présent. Elle se mit à pleurer en silence sous son bandeau.

- Allons, allons, reprit la voix avec une condescendance toute feinte, tu ne vas pas pleurer comme ça. Nous avons encore beaucoup de choses à découvrir tous les deux.

Une main gantée se posa sur la poitrine de Chantal, parcourant doucement les petits globes de chair. Celle-ci voulut échapper à cette emprise, mais une courte chiquenaude sur la pince droite la ramena à de meilleurs intentions. Décidant de lui faire découvrir une nouvelle sensation, les doigts du maître-chanteur se refermèrent sur cette même pince dont ils actionnèrent les mâchoires. Chantal crut mourir en constatant que la douleur consécutive au retour de l’irrigation sanguine dans le mamelon était cent fois plus intense que lorsqu’elle l’avait installé. C’était comme si on lui arrachait tout l’aréole du sein droit. Sous l’emprise de la douleur, la jeune femme croula au sol.

Le gant remonta sur le visage, s’insinua sous le bandeau qu’il souleva doucement. A travers un brouillard embué de larmes dues autant à l’éblouissement causé par les fluorescents qu’à ses pleurs, la jeune femme distingua une forme indistincte qui finit par se préciser peu à peu. Un corps de femme imposant se dressait devant elle. Elle était vêtue de cuir, portant des bottes à cuissardes. étrangement, ses larges seins fardés étaient exhibés sans aucune pudeur. Son visage était caché par un masque orné de plumes multicolores, ce qui expliquait la voix déformée, mais sa stature ne laissait guère de doute quant à son identité.

Alors que Chantal Brodeur avait accepté d’obéir au maître-chanteur par crainte que sa conduite ne soit dévoilée à sa patronne, l’ignoble individu se révélait n’être autre que Lorraine Dupuis en personne. Celle-ci ne fit pas mystère de son identité car elle cessa de travestir sa voix pour expliquer :

- Bien sûr que c’est moi, idiote! Crois-tu que je ne sache pas ce qui se passe dans mon propre bureau? Je me suis aperçue dès le début que tu n’étais pas très doué pour la comptabilité, mais j’ai compris que tu pourrais me servir autrement.

Chantal Brodeur considéra sa patronne sans comprendre. Elle ne voyait pas où elle voulait en venir. Celle-ci décida de lui assener un grand coup :

- Non, Chantal, tu n’es pas douée pour le travail de bureau, mais pour la soumission, là tu es dans ton élément, ça, je l’ai compris bien vite. Tu as fait tout ce qui t’était demandé, même ce qui te répugnait. Aussi, lorsque Francyne reprendra son poste, tu ne te retrouveras pas sans travail. Je t’emploierai personnellement à mon service en tant qu’esclave sexuelle! Il y a si longtemps que mon mari souhaite un cadeau de ce genre…

A cet énoncé, Chantal Brodeur se mit à trembler, incapable de marquer son opposition à ce qui s’avérait une proposition tout à fait invraisemblable. La dominatrice se rapprocha d’elle et d’un mouvement brusque, elle retira la pince du sein gauche, renouvelant la douleur torride pour la jeune femme qui, incroyablement, se mit à jouir sur-le-champ, inondant son entrejambe d’une mouille abondante.

En y repensant, la perspective de poursuivre les activités qu’elle avait apprise à apprécier lors des cérémonies du vendredi pouvait avoir certains avantages. Elle se prit à fixer sa patronne avec un intérêt évident, encore sous le coup de l’orgasme qu’elle venait de vivre pour la toute première fois. Son côté submissif venait de prendre le pas sur le rationnel.

Ce changement d’attitude n’échappa pas à Mme Dupuis qui ajouta :

- Je vois que ma proposition t’intéresse. Mais tu as encore beaucoup de choses à apprendre, esclave!

La dominatrice prit un fouet court qu’elle portait à la hanche de son costume, un martinet comme allait éventuellement l’apprendre Chantal et elle en assena quelques coups aux cuisses de la jeune femme, sans méchanceté. Elle l’obligea à se remettre à genoux toute seule, puis elle s’approcha d’elle et déposa un baiser sur ses lèvres avant de conclure :

- Nous avons trois jours devant nous, ma chérie! Crois-moi, tu n’as pas fini d’en baver!

 
FIN

XY

 
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