je vous invite à lire ceci pour faire de beaux rêves, l'auteur de cette histoire c'est Bertrand, il l'a écrit pour moi ce matin, mais c'est tellemnt beau que j'ai voulu la partager avec vous tous,
oui quelquefois, quelquefois le soir, je lui demande de me raconter une histoire avec un clé de 12 trop grande.....
Hé oui non seulement il est une encyclopédie de la mécanique, mais il est aussi un merveilleux comteur d'histoire.
je sais que chacun d'entre vous est resté un enfant au fond de lui
L'histoire de la Clef de treize Chinoise qui voulait des papiers Français
C'est dans la lointaine province du Setchouan méridional que naquit un beau matin une clef de treize, sous les doigts maladroits et tremblants d'un forgeron chinois.
Elle commença sa vie dans ce beau pays où elle essaya tant bien que mal de se rendre utile en serrant et desserrant joyeusement les boulons qui passaient à sa portée. Mais, hélas, dans ce pays il n'y avait que des vélos rouillés et des tracteurs difformes maintes et maintes fois réparés! tous les écrous qu'elle goûtait étaient devenus informes à force de servir! Le soir, on la jetait sans ménagement dans un sac puant et noir sans égard pour la jolie couleur de son chrome. C'est ainsi qu'elle entendit, une nuit, des ouvriers qui murmuraient: ils parlaient de pays lointains où il faisait bon vivre, où l'argent du RMI, paraît-il, coulait à flots, et où on pouvait travailler à loisir sur toutes sortes de belles et brillantes mécaniques. Elle se prit à rêver elle aussi, et, les jours suivants, elle se renseigna discrètement sur son départ possible vers ces pays.
Par chance, elle travaillait à côté de l'aeroport, et un jour un mécanicien, à qui il manquait une clef de treize ce jour là, vint l'emprunter. Une fois à l'intérieur d'un avion, elle se laissa tomber du sac et se cacha sous un siège. Tout alla ensuite très vite: une fois l'avion prêt, des passagers montèrent à bord et il s'envola. Au bout de nombreuses heures de vol, il aterrit, et c'est alors que, voulant remettre ses chaussures, le passager qui occupait le siège sous lequel la clef de treize était cachée, la trouva, et l'enfouit dans sa poche. Une fois débarqué, le passager traversa l'aéroport et prit le métro. Là, dans un couloir, un musicien faisait la manche, et le passager, par moquerie, lui donna la clef de treize en guise de pièce de monnaie. "Oh, z'y va! Une clef de zetré!", s'exclama le musicien. Et la clef de treize sut qu'elle venait d'arriver en France, dans le mythique département 93!
Une fois rentré chez lui à La Plaine Saint-Denis, le musicien fit cadeau de la clef de treize à son petit frère Moktar, qui aimait bien bricoler des scooters dans la cave. Seulement, voilà: un soir, Moktar revint à la maison fou de rage et invectiva son frère. "Z'y va, c'est d'la daube, ta clef de zetré! Elle est trop petite pour du treize et trop grande pour du douze! Je voulais chourer un scoot, j'arrivais pas à démonter le Neiman, j'ai failli me faire serrer par les keufs! Elle a été fabriquée en Chine, ou quoi?". Et, de rage, il jeta la clef de treize par la fenêtre.
Comme intégration, c'est réussi! Se dit la pauvre clef de treize. Mais elle savait être patiente (tous les chinois le sont). Seule, sur le trottoir, elle attendit son heure. Au matin, elle entendit un bruit de tonnerre, et une grosse et vénérable moto anglaise s'arrêta juste à côté d'elle. Le motard, attiré par l'éclat du chrome la ramassa. "Oh, une clef chinoise! Ca peut toujours dépanner!", dit il. Quelques jours plus tard, voulant démonter sa tondeuse à gazon, le motard constata que la clef de treize chinoise était trop juste pour prendre un écrou de treize. "Du petit teize, en quelque sorte", se dit il. Puis il reprit: "c'est étonnant, elle est ajustée comme la clef en pouces anglais qui me sert à démonter ma Triumph T140! Cette clef chinoise qui veut passer pour francaise est taillée exactement comme une anglaise!". Et, renonçant à s'en servir comme d'une clef de treize, le motard, qui était très conservateur et n'aimait pas jeter les outils, la plaça dans la caisse où il rangait ses outils anglais. Par chance, le forgeron chinois qui l'avait fabriquée, l'avait faite si mince qu'elle passait partout, et qu'elle su très vite se rendre utile. En écoutant les autres clefs, elle apprit très vite l'anglais (les asiatiques sont doués pour les langues), qu'elle parle avec son drôle d'accent. Elle apprit les termes anglais qui convenaient à sa nouvelle profession: "push-in pipe", "rocker box", "fucking magneto", "shitty primary drive chain", etc...
C'est la fin de l'histoire, car maintenant, la pauvre clef de treize du Setchouan a acquis son titre de noblesse: elle ne sera jamais française, mais elle est devenue une Lady qui côtoie les plus belles des Norton, Triumph, ou BSA. Elle a même entendu parler d'une nouvelle moto, une AJS, qui viendra bientôt enrichir la collection!
Elle est enfin heureuse!
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jolie histoire, de clyde01 [05/03/2005 19:20:19] <